J’explore les espaces intérieurs en tant que foyers de rencontre avec le monde extérieur. Je tiens à détailler les incompréhensions, les silences, la présence et la disparition. Je m’approche ainsi de la fragilité du corps, de cette existence éphéméride qui, conjuguée par la mémoire et la solitude, produit des formes dont la présence inestimable est fondée sur une précarité existentielle. C'est à ce titre que l'abstraction figure dans mon travail. C'est à dire qu'en plus d’être le résultat d’une transformation poétique du réel, elle s’associe volontiers au passage du temps. Des corps passent, des espaces croisent notre champ de vision, puis disparaissent. Ainsi le tableau déclare simultanément la présence et l’absence de l’autre. Ce paradoxe, situé au cœur de l’œuvre, postule un profond sens de solitude et de perte. Il s’agit d’un acte poétique par lequel l’idée devient chair et, par le fait même, extrêmement vulnérable et infiniment plus estimable à cause de cela.

Au fond, je cherche à communiquer ce qu’il y a de sauvage et de fragile en chacun de nous, ce qui se cache, en marge de soi, et cela malgré sa grande beauté. Or, lorsque je me tourne vers l’extérieur pour trouver un sujet, je m’intéresse toujours à ce qui correspond à cette fragilité. Cette beauté qui, par la force des choses, doit se frotter aux laideurs multiples qui la surplombent et qui l’entourent.

Mon travail pictural est un amalgame de Cubisme, d’abstraction et de surréalisme. Toutefois, au lieu de me baser sur l’inconscient, j’offre l'expression de ma conscience aux aguets, inquiète de l'état des choses. Il s’agit d’une expansion de la réalité qui symbolise un devenir, l’extrapolation d’un contexte spécifique bien réel, palpable même, dans lequel résident notre présent et notre futur. Les thèmes comme solitude et absence sont combinés à ceux de chaos, de destruction, de maladie et de mort. Ces thèmes sont fortement apparentés par leur sensibilité au néo-expressionnisme – Nouveaux-Fauves, Trans-avant-garde et Mauvaise Peinture, par exemple. Je m’y associe volontiers par mes coups de pinceaux, l’utilisation du collage et d’objets trouvés, ainsi que par la rudesse de l'exécution.